Fanfare Orchestraka
On the Rumba River, de Jacques Sarasin
Par Renaud Volle, sur RCT
La diversité du monde
Il y a les voyages.
Et il y a les documentaires.
Une autre façon de découvrir le monde. D’Helsinki à
Jérusalem, de la Révolution de mai au regard d’un père, si la multitude de
films projetés à Lussas (150 !) peut donner le tournis, les images (et les sons) restent, se
mêlent et nous nourrissent. Le détour ne déçoit pas. Papillon butineur ou vorace iconophage, curieux novice ou aguerri
cherchant combat (d’idées), chacun trouvera son compte.
Il y a les documentaires qui montrent le monde et ceux qui dévoilent l’intime. Mais tous rompent le même silence et tous donnent à voir l’humain dans la mêlée. Car, le « cinéma du réel » est avant tout rencontre.
Laura, 18 ans "J'ai découvert le cinéma documentaire"
Souriante, Laura, et heureuse d'être là, dans l'équipe des "cocktails", pour sa première expérience de bénévolat à Lussas,
malgré une légère déception : beaucoup à faire et trop peu de temps pour assister aux projections.
Interview d'un jeune fille sans artifice
Comment t'es venue l'idée d'être bénévole à Lussas ?
Laura : C'est une amie qui m'en a parlé... je savais qu'il y avait un festival près de chez moi, et comme je m'intéresse au cinéma, être bénévole c'était une façon de le découvrir.
Tu as pu voir beaucoup de films ?
On est très occupés : quand il y a un cocktail, c'est de 8h à 2h. du mat', ça ne laisse pas beaucoup de temps.
Mais je suis contente d'avoir découvert le cinéma documentaire. Ce n'est pas les mêmes qu'on voit à la télé. Et puis ici ça permet de vraiment regarder le documentaire, de voir les détails, comment c'est filmé, on ne zappe pas.
Tu aimerais travailler dans le domaine du cinéma ?
Oui, j'aimerais bien, pourquoi pas faire un documentaire un jour, ça m'intéresse vraiment le cinéma ! Mais je ne sais pas si je peux en faire un métier. Enfin, pour l'instant je vais faire mes études de biologie, on verra après...
Tu reviendras ?
Oui ! Le bénévolat, c'est vraiment génial, j'apprends plein de trucs, je rencontre plein de gens, il y a une bonne ambiance dans l'équipe, je vois les coulisses : quand tu es derrière, tu te rends compte de toute la préparation, c'est très intéressant.
Le coktail de la Sacem... vu des coulisses
Le cycle finlandais : interview de Christophe Postic
Co-directeur artistique, au côté de Pascal Paulat.
Entre Christophe Postic et les États Généraux, c'est une longue histoire : une histoire de passion pour le cinéma, avant tout. Une histoire d'exigence aussi. Il a construit cette année la programmation du cycle finlandais.
Depuis quand
connais-tu Lussas ?
Depuis la 3ème
édition. Je travaillais dans un mouvement d'éducation
populaire et j'encadrais dans la région une formation de
formateurs à l'audiovisuel. On venait le soir à ce
festival.
Et ça nous a plu
énormément !
L'année suivante on a monté une rencontre de jeunes réalisateurs, on a obtenu des financements et on est revenu en bande. A ce moment-là, on a fait une feuille de chou qu'on a distribuée dans la ville : c'est la naissance de Hors-champ*. J'y ai travaillé pendant presque 10 ans. Puis j'ai organisé une rencontre autour des lieux associatifs de diffusion. Forcément de fil en aiguille, je suis devenu très proche de l'équipe et petit à petit directeur artistique. Après, le "pourquoi", c'est l'attachement au cinéma.
Comment t'y prends-tu
pour élaborer la programmation ?
Il y a des choses qu'on
décide à deux, d'autres c'est moi. Mais il y a toujours
une dimension collective, c'est un travail de collaboration avec les
programmateurs. Si c'est un séminaire, on va chercher des
intervenants, de critiques, des cinéastes, ou on reçoit
des propositions. Pour les films francophones, on propose à
deux personnes de faire ce travail.
Comment
choisissez-vous les thèmes ?
C'est selon l'actualité
professionnelle, politique, intellectuelle... Quand je dis actualité,
c'est au sens de ce qui nous préoccupe au présent !
Ca peut être aussi
des envies personnelles. Par exemple, le rapport à la parole
dans le documentaire, la question du corps dans le documentaire : ce
sont des questions sur lesquelles tout a été traité
alors il faut trouver un angle d'attaque pointu. Ca part aussi des
films qu'on voit.
Comment s'est fait le
choix de la Finlande ?
J'ai
découvert le cinéma finlandais avec Antti Peippo
et Eija-Liisa Ahtila,
que je connaissais en tant qu'artiste vidéaste. Il
y a 3 ou 4 ans, on a déjà fait une petite formation
finlandaise d'une journée parce que j'avais vu le film d'Antti
Peippo Proxy que je
trouve splendide, très très fort. C'est là que
j'ai découvert le cinéma finlandais. J'ai eu envie de
voir d'autres films. On a ajouté des films récents : le
film d'Ahtila, Love is a treasure et
un film de Kuivalainen.
Là, je
suis parti à tâtons et ça s'est construit petit à
petit, en travaillant. Dans un
premier temps, les gens de Docpoint m'ont beaucoup aidé dans
ma recherche. Je leur ai dit que je recherchais du documentaire de
création, des films où il y ait un point de vue et une
écriture. Puis j'ai visionné les films et j'ai repéré
les grandes lignes, les formatages. Après, des questions de
cinéma se sont posées. J'ai essayé de
comprendre.
Qu'est-ce qui t'a
particulièrement attiré dans ce cinéma ?
Plusieurs
éléments m'ont donné envie d'aller voir du côté
de ce cinéma : d'abord il y a une histoire documentaire,
ensuite il y a des films récents forts, un courant artistique
et puis il y a un festival du film finlandais à Helsinki
(Docpoint,
créé par Kanerva Cederström et
Susanna Helke), ce
qui signifie qu'il y a suffisamment de films pour créer un
cycle. Et dernier point, c'est un
pays où le film documentaire bénéficie de
conditions de production rares (voir l'introduction de Chr. Postic dans le catalogue du festival, ndlr).
Quelles sont les
spécificités du cinéma finlandais ?
C'est
un mise en scène qui recourt beaucoup à des procédés
de fiction : un découpage très présent, beaucoup
de montage, et des moyens qui vont avec. Ca crée une
atmosphère particulière par rapport aux personnages :
on rentre dans un récit monté de toute pièce. Et
au milieu de ça, il y a du cinéma direct et des
situations qui ne sont pas rejouées. Ca crée un étrange
mélange.
La
voix off est très très présente, parfois c'est
du commentaire mais le plus souvent c'est la personne qui parle et le
son n'est pas synchrone, comme une voix intérieure qui
parlerait sur le corps en train de faire autre chose.
On
a aussi une grande maîtrise cinématographique qui est un
choix de mise en scène forte. Pour certains cinéastes,
cela permet de construire une représentation. Je pense à
Virpi Suutari,
qui vient de la photo, ou Susanna Helke. Ca correspond à
une façon de raconter leurs histoires qui leur semble
intéressante. Elles ont envie qu'il y ait de l'esthétique
: ce rapport à la belle image m'a surpris, et c'est fait "sans complexes" pour reprendre une expression à
la mode... on n'est pas encombré par ça.
Après, il y a aussi des films plus fantaisistes, voire psychédéliques ou kitsch, qui peuvent être déconcertants et qui viennent éclater quelque chose de plus maîtrisé (je pense à The North star, The Purge, et What comes around).
Est-ce que ce n'est
pas un cinéma difficile au niveau de la forme autant que des
thèmes?
Non,
non, pas du tout (fermement) : ce n'est
pas un cinéma difficile. Ca peut être un cinéma
qui dérange parce qu'il peut y avoir des effets de fiction
pénibles ou kitsch. C'est un cinéma qui est un peu
ailleurs, de la même façon que c'est un pays qui est un
peu ailleurs. Il y a sûrement des choses qui nous échappent
à cause de la langue mais il y a beaucoup d'ironie dont on ne
se rend pas compte. Dans leur façon de parler d'eux-mêmes,
il y a beaucoup d'autodérision. Il y a aussi des choses qu'on
ne perçoit pas forcément en tant que français.
Mais ce n'est pas difficile !
Les thèmes
abordés sont quand même assez lourds : règlements
de comptes, maladie, drogue... Je fais écho ce que d'autres
spectateurs ont ressenti.
Oui,
c'est un peu déprimant comme cinéma. Absolument. Il n'y
a qu'à voir le film Les glandeurs : dans un petit
patelin, ils sont tous en l'air. C'est le pays le plus au nord, avec
des paysages sur des kilomètres, des forêts ou des lacs... Ce
n'est pas facile.
As-tu un film « coup
de coeur » ?
Je
ne suis pas dans une position de choisir les films parce que je les
aime mais parce qu'ils mettent quelque chose au travail, c'est une
construction. Un film m'a beaucoup interpellé, c'est Trekker.
Au début je l'ai trouvé abominable, plein de clichés,
mais c'est le premier documentaire finlandais un peu déjanté
que je vois. J'aime bien ces films qui sont plus atypiques. Je trouve
Proxy magnifique, c'est un film exécutoire où il
règle ses comptes avec sa mère, avec une violence
inouïe et c'est en même temps un cinéma de montage
qui tient et qui a une force convaincante.
* Le quotidien du festival
Hervé Nisic "On aime beaucoup les films qui cherchent"
des regards aiguisés et amusés ...
interviews de Hervé Nisic et Pierre-Oscar Levy, réalisateurs et sélectionneurs aux 19èmes états généraux pour Incertains Regards
Hervé Nisic
« On sélectionne les films pour des raisons de cinéma »
Q :Comment avez-vous procédé pour cette sélection ?
Hervé Nisic : 800 films arrivent à Lussas dans l'année. Il y a d'abord un petit groupe de pré-sélectionneurs. On leur a parlé de notre manière de voir le cinéma. On ne verra pas les films qui ne correspondent pas à notre vision du cinéma.
Après, nous, on voit 400 films environ.
Ce qui est important, ce n'est pas de savoir de quoi parle un film mais la façon dont il en parle. Est-ce que la manière d'aborder le sujet est originale, ou particulièrement bien amenée. Il y a des films très classiques dans leur forme, extrêmement maîtrisés. Et puis il y a les films qui cherchent. Ceux-là on les aime beaucoup !
Vous programmez dans la même séance Ce qui reste – Fragments d'un retour d'Arménie*, Neuf fragments de petites choses instantanées et Léonarda*. Qu'est-ce qui lie ces trois films ?**
Ces films essaient de montrer quelque chose qui est très fugace, une recherche de qui on est, d'une identité. Essayer de capter quelque chose qui échappe toujours.
On a choisi Neuf fragments, le film de Pierre Villemin parce qu'il aborde frontalement ce que c'est qu'un quotidien, le bonheur, une histoire d'amour : c'est un film qui essaie de montrer cela à travers de micro-instants. C'est vachement dur à filmer le bonheur !
Ce qui reste nous confronte aussi à une identité qui fout le camp, qui est rêvée, qui échappe. Cette jeune fille est arménienne mais elle est coupée de très loin de cette Arménie qu'elle porte.
Pour arriver à transmettre, ils sont obligés de mettre en place tout un dispositif, toute une construction pour parler de cette chose fugitive.
A propos du film de Pierre Villemin, est-ce qu'on peut vraiment parler de documentaire ?
Ce n'est pas une fiction, il n'y a pas d'acteurs, les gens ne jouent pas de rôle, ils sont pris dans la matière même de leur vie, il n'y a aucune modification de la réalité, pas d'intervention, on est au plus près de ce qui s'est passé. On n'est pas dans le réel, le réel n'existe pas, c'est toujours une reconstruction. Les faits existent, mais un film documentaire c'est toujours un reconstruction à partir des faits. C'est une histoire vraie, on n'en doute pas lorsqu'on voit le film !
Mais il ne manque pas un scénario ? C'est une forme étrange, ces instantanés ...
Un documentaire, est-ce que ça doit avoir un scénario ? Bien sûr que non ! Il n'y pas de règles ! J'espère que la sélection qu'on a faite le montre. Il y a des manières extrêmement variées de faire un film qui touche le public. Chacun voit le film qu'il voit, le spectateur reconstruit le film après le réalisateur...
Vos films ont-ils été programmés à Lussas ?
Non, je crois qu'ils n'auraient jamais pu être programmés, ils sont trop audacieux formellement !
C'est d'ailleurs l'intérêt de participer à la programmation, de permettre l'ouverture à des cinémas plus variés.
Aller sur le site de Hervé Nisic
Pierre-Oscar Levy
Vous avez visionné 400 films ?
P.O. Levy : Quand on aime on ne compte pas ... (sourires)
Comment fait-on pour choisir 30 films sur 400 ?
On regarde !
...on prend des notes, on doute, on parle un peu, et ça décante !
La première fois, je regarde avec mon émotion de spectateur et en même temps j'analyse comment ça se fait.
Un moment fort pour vous dans cette programmation ?
On cherche des films un peu différents, qui inventent des choses... et dans cette programmation, il y avait beaucoup de premiers films ! Une personne qui montre son film pour la première fois, c'est quelqu'un de très fragile et le destin de quelqu'un peut se jouer ici, réellement.
Et pour moi, il y a des rencontres ! On a rencontré des êtres exceptionnels. Un petite jeune fille qui sort de l'école, qui fait son premier film, et c'est un cinéaste construit, exigeant, sans concession, modeste, avec une maturité incroyable (il parle de Fanny dal Magro** ndlr)
Je suis bouleversé quand je vois ça, je suis content !
* voir critiques dans la catégorie « Les films »
** Ce qui reste – fragments d'un retour d'Arménie, film de Céline Ohanessian et Eric Pellet ; Neuf fragments de petites choses instantanées, film de Pierre Villemin ; Leonarda, film de Guillaume Kozakiewiez ; Ce qui reste, film de Fanny dal Magro
Jean-Marie Barbe: « Les Etats généraux ne peuvent pas ronronner !»
La première édition des Etats Généraux s'est tenue en 1989, d'où leur nom, clin d'oeil aux festivités du bicentenaire de la Révolution française. Pourtant, l'insurrection dans nos campagnes était lancée depuis déjà 10 ans. Récit d'une épopée de la décentralisation, visionnaire et révolutionnaire, où le souci de la réflexion l'emporte sur les pressions économiques.
Comment est né le festival ?
Il y a eu deux mouvements. En 1975, j'avais 20 ans. Le cinéma était tout sur Paris et moi je voulais rester vivre en Ardèche et faire du cinéma ici. Il y avait le mouvement Volem vivir al pais, on était dans une logique anarcho-syndicaliste. On était dans une utopie, qu'à l'avenir il n'y aurait pas de centres, que les centres seraient partout où les gens auront des initiatives. Et puis le TGV est arrivé au début des années 80, l'ordinateur est arrivé, etc. et ça s'est avéré juste.
Ce mouvement a abouti à la réalisation d'un premier film en 1978, sur des paysans cévenols. Nous avons décidé de monter un festival pour montrer les films faits en dehors de Paris. Le documentaire à ce moment-là était très politique : mouvements féministes, luttes ouvrières, écologie naissante, films ethnologiques aussi. Alors, on a créé ce festival à Lussas en 1978. Il a duré 10 ans.
Les Etats Généraux, c'est venu après, dans un deuxième temps. Entre-temps, il y a eu la création d'une société de productions en 1983. L'objectif était de faire des films documentaires en région. J'ai participé à la création de la Bande à Lumière à Paris en 1986, avec d'autres producteurs indépendants.
La Bande à Lumière s'est assez vite divisée en deux tendances ?
Oui. Une tendance a abouti à Sunny side of the doc à Marseille. Pour eux, le documentaire, c'était l'économie, l'Europe... alors « faisons du business ! ». Et puis il y avait la tendance à laquelle j'appartenais : l'économie, c'est pas notre problème, c'est pas fondamental, l'Europe, peut-être... mais c'est d'abord le monde. Et le cinéma c'est d'abord de la pensée alors voyons ce que disent les films et réfléchissons. Ce sont deux courants divergents. Olivier Masson a créé Marseille et moi j'ai mis en place Lussas avec des copains de la Bande à Lumière, on était une vingtaine de personnes, des réalisateurs, des producteurs indépendants : Jean-Michel Carré, Yves Billon, Marie-Pierre Muller, Joris Ivens, le père fondateur, Michael Howard, qui est encore là, Raymond Depardon, qui est venu tout de suite, Guy Olivier... De là sont nés les Etats Généraux.
Trois ans se sont écoulés entre les deux « versions » du festival... que s'est-il passé dans cet intervalle ?
Entre
temps, on a fait un festival « film et cheval »
et un marathon du scénario. Le film de cheval parce-que le
monde du cheval ici, c'est le monde rural et tous les paysans sont
venus et en même temps on leur a montré des films de
Bresson, des films difficiles, des choses complètement
éclatés, très cinéphiles, les Monty
Python...
Les
marathons du scénario s'appelaient « on achève
bien les scénaristes » : le principe, c'est
pendant quatre jours, seize candidats venaient écrire une
version courte d'un long-métrage. Ils n'avaient droit qu'à
4 heures de sommeil, il y avait des kinés pour les bichonner,
deux personnes s'occupaient de chaque candidat et le public tournait
autour pour lire à mesure les scénarios qui étaient
écrits. Ca a duré trois ans. Les Etats Généraux
en 1989, ça a été le choix fort.
Quelles orientations avez-vous choisies pour les Etats Généraux ?
Par rapport à d'autres festivals, à Lussas, il n'y a pas de compétition. L'idée c'est que pour réfléchir, il faut se mettre un peu à l'écart du monde. Le village peut devenir un village-cinéma pendant une semaine. Ca s'est fait ici à Lussas puisque j'y habitais et qu'il y avait une antériorité, un savoir-faire. C'est un lieu où on interroge la pensée, il y a beaucoup de séminaires, les débats sont conséquents et longs. La parole, après les films, voire avant, est aussi importante que les films. Pour moi, un film, c'est comme une pierre que l'on jette dans un lac. La pierre, elle existe avant et quand elle tombe dans le lac, elle éclabousse, elle crée des choses, elle crée une onde de choc en tombant. Fondamentalement, le cinéma du réel vient du réel, c'est un regard sur le réel, une représentation, c'est un objet fini et qui renvoie au réel... il vient du réel, et renvoie au réel. C'est un objet qui va perdurer au-delà du temps du réel qu'il y a avant et après, qui va continuer à exister dans l'histoire parce-que c'est peut-être de l'art...
Quels sont les moments marquants pour toi de ces 19 ans d'Etats Généraux ?
La lutte des intermittents, la rétrospective du cinéma russe au moment de la tentative de putsch au Kremlin... le rapport du local au global : la guerre en Yougoslavie et l'année dernière Israël/Palestine, qui a failli nous tuer. La rétrospective Kiarostami la 5ème année... Je ne pense jamais à ça, en fait... En tout cas, ça n'a jamais été tranquille, ça ne peut pas ronronner, comme c'est basé sur la réflexion et que cinéma et réel entretiennent un rapport très étroit, c'est toujours en bouillonnement, ça n'est jamais installé. C'est peut-être moins fragile au niveau des budgets, mais c'est toujours aussi délicat sur le fond !
Comment se passe la programmation ?
On programme un peu plus de 150 films. La programmation est très collégiale. Ici, le délégué général a une fonction de coordination, d'impulsion... J'aime bien cette phrase de Brecht : «Confiez les choses aux gens qui le rendent meilleures». C'est une règle magnifique. L'idée a toujours été de chercher des personnes qui incarnaient quelque chose de fort, de pensé, de théorisé ou de pratiques et qui pouvaient en faire profiter les autres. Par exemple, il y a deux personnes qui s'occupent de la sélection Incertains Regards (lien vers interview), deux personnes qui s'occupent de tel séminaire, de la programmation internationale etc. Le lien entre eux, c'est la coordination, ce n'est pas une ligne éditoriale qui incarnerait l'orientation.
Ecouter l'interview de Jean-Marie Barbe sur le cinéma documentaire africain
L'Afrique à Lussas
Jean-Marie Barbe nous parle du cinéma documentaire africain, de la sélection Afrique, d'Africadoc et des rencontres Tënk de Gorée au Sénégal...
Partie 1
Partie 2
Lire aussi son interview sur la création des états généraux du de Lussas.